vendredi 29 août 2008

Voyage en taxi



Cet aprés-midi, contre toute attente, j'ai exposé devant une quinzaine de membres de l'administration du SENAC, école qui "m'acceuille", mes sensations de nouvelle arrivante, mes déceptions, mes attentes...
Aprés ce charmant meeting dans un anglais plus que balbutiant, ayant peu dormi cette nuit, j'ai eu en cadeau un livre de recettes brésiliennes, et un voyage en taxi qui me conduisit chez moi (il y avait eu pendant la réunion des oh! de stupéfaction quand je leur ai dit que j'étais venue en ônibus...car c'est assez compliqué, aucune indication...).
Donc un voyage en taxi qui va vous montrer, j'espére, encore un peu mieux la ville...
(que je commence peut-être á aimer un petit peu...)








En plein boulevard, á 17 heures, certaines fument et d'autres se bouchent le nez...












(les photographies sont brutes, bleutées et pâles...tout ca sera corrigé plus tard )

mercredi 27 août 2008

Retour en ville

Une gravure de Carlos Prado




Photographies de l'Avenida Paulista en 1902 et aujourd'hui


Image d'une vidéo de Cury et Neto

La ville est comme un monstre fait de routes, d'immeubles, d'hommes qui vont et viennent, préoccupés. Elle est infinie, au sens grec, une chose qui manque d'arrangements, incompléte, sans forme.
J'ai repensé en marchant prés de la Praca da Sé, á ce que disait, je crois, Simone Weil : á un certain stade de l'évolution sociale, les organisations humaines sont tout aussi violentes, étrangéres á l'homme que l'est la nature sauvage.

lundi 25 août 2008

Comment poussent les cacahouétes...


les cacahouétes ne poussent pas sur les arbres


LES CACAHOUÉTES SORTENT DE TERRE !

Une révolution !

Sinon, j'ai pu observer de nombreux animaux : colibris, tortue, dindon, chiens, fourmis géantes, poules (forte tendance obsessionnelle), poussins, moustiques, oiseaux á longue queue, chevaux, vaches et enfin... mon premier chat brésilien...





Je suis allée dans la forêt, qui n'était pas encore vierge, mais j'ai rencontré quelques feuilles mortes, troncs morts, fruits bien vivants, chemins... qui ont impressionnés la surface de quelques plan films...
Je suis de plus en plus impressionnée par la maniére dont les choses rendent leur couleur (comme leur odeur) au coucher du soleil... Comme si elles tentaient d'exprimer la totalité de leur être coloré avant l'extinction compléte des feux.

mercredi 20 août 2008

As frutas



Cet aprés midi, je pars quelques jours á la campagne, á Sao Pedro, au nord-est de Sao Paolo. J'espére pouvoir commencer á travailler...

Avant de partir, quelques mots et photos sur une chose vraiment vraiment chouette ici : LES FRUITS.
Il y en a de toutes les couleurs, formes, textures, goûts...en grande quantité...et surtout, ils sont mûrs...

Voici quelques photos prises dans le magasin de fruits et légumes qui se trouvent á quelques pas de chez moi...

Ici ce sont les mangues (quatres sortes différentes)






Ici des fruits de la passion (que j'ai découvert aujourd'hui)



Des goyaves...



Beaucoup d'inconnus...





Et pour terminer, la BATATA ASTERIX, trés certainement, une patate francaise !

mardi 19 août 2008

Photographies

La maison oú je vis (la fenêtre de ma chambre est en haut á droite sur le côté).




Une vue d'une toute petite partie de Sao Paolo prise au dessus du quartier oú j'habite.



Ici ils ont des gros frigos et ils en ont plusieurs, cher Julien !



Ici les panneaux sont vraiment vides, cher Sung Hee!



Ici les papillons sont bruns sur fond brun, chére Flora !



Tu vois, petite Maia, j'ai accroché á mon armoire ton cadeau...

Natureza



Deux jours aprés mon arrivée, je suis allée á l’école de photographie de Sao Paolo. Lá, j’ai assisté á mon premier cours : un cours de photographie pour les aveugles ! Non ce n’est pas une blague.
Le peuple brésilien sont un peuple paradoxal, m’a-t-on dit...
Le lendemain, je suis allée á un musée pour les aveugles. Il s’agissait d’entrer dans une compléte obscurité, avec pour seul guide une canne qui n’avait pas besoin d’être blanche, puisque de voyants il n’y avaient plus. J’ai fait quelques pas et prise d’une grande angoisse, je suis retournée á la lumiére... Sensation de perdre le monde et avec lui mon corps.

Ce musée était situé dans une ville « prés » de Sao Paolo, soit á deux heures de bus (deux heures de CO²).
Sur la route, j’ai vu : un téléphone pour les sourds (oui vous avez bien entendu), des panneaux vides ( ;) Sung Hee !), et ... des morceaux de forêt...
Une forêt ou plutôt un magma végétal. Les plantes se grimpent les unes sur les autres, il n’y a pas d’ordre, pas de sentier apparent, pas de clairiére, pas d’échappée. On ne voit rien du sol. Du vert du vert du vert. Des vides, des pleins, des creux, des bosses...Une mer végétale agitée.

Levi-Strauss écrit : « Le voyageur européen est déconcerté par ce paysage qui ne rentre dans aucune de ses catégories traditionnelles. Nous ignorons la nature vierge, notre paysage est ostensiblement asservi á l’homme ; parfois il nous paraît sauvage, non point qu’il soit réellement tel, mais parce que les échanges se sont produits á un rythme plus lent (comme en forêt) ou encore dans les montagnes (...) même les plus rudes paysages d’Europe offre encore une ordonnance (...). Il faut avoir voyagé en Amérique pour savoir que cette harmonie sublime, loin d’être une expression spontanée de la nature, provient d’accords longuement cherchés au cours d’une collaboration entre le site et l’homme. »

J’ai rencontré plusieurs fois cette idée, mais elle restait abstraite : il fallait savoir qu’il n’y a pas de nature sauvage en Europe, sous peine de passer pour une grande naive...
J’ai senti cette idée ici.
Et même si la forêt que j’ai entrapercue par la fenêtre du bus est une forêt secondaire, la puissance d’engendrement de la nature ici est telle, que cette forêt reste véritablement sauvage.

Je me plais á l’idée de trouver lá-dedans des esquisses de structures, des formes naissantes ...
Si en Europe je cherchais dans les choses naturelles la puissance créatrice, ici je chercherai la puissance ordonnatrice ...

Un autre passage de Tristes Tropiques qui exprime bien ce qu’est la nature ici :
« Des plantes plus copieuses que celle d’Europe dressent des tiges et des feuilles qui semblent découpées dans le métal, tant leur port est assuré et tant leur forme pleine de sens paraît á l’abri des épreuves du temps. Vue du dehors, cette nature est d’un autre ordre que la nôtre ; elle manifeste un degré supérieur de présence et de permanence. Commes dans les paysages exotiques d’Henri Rousseau, ses êtres atteignent á la dignité d’objets. »
En venant ici, j’avais déjá l’idée de faire quelque chose dans l’esprit de Rousseau.
J’ai hâte de pouvoir me mettre au travail !

samedi 16 août 2008

Chute

Avenue Paulista, en début d’aprés-midi. Je marche dans la direction du Musée de Sao Paolo. Soudain á ma gauche un homme tombe. Je m’arrête. Son corps est tendu, il ne dit rien, il y a son portefeuille sur le trotoir. Je ne sais pas quoi faire. Deux personnes continuent leur marche en se retournant pour regarder. D’autres passent sans rien voir. Je n’arrive pas á partir. Il est toujours dans la même position, crispé, sous le soleil de midi, dans son costume gris. Un homme s'est arrêté. Son visage est doux. Je vais vers lui et prononce un « Ajuta ». Il hésite et nous allons finalement tous les deux relever l'homme.
Quelques pas plus loin, l’homme au visage doux m’a remercié. Je voulais le remercier aussi.

Au musée, devant une vierge á l’enfant, grande tristesse. A quoi bon ce tableau venu de la Renaissance si personne ne s'arrête devant un homme á terre?
Pouvons-nous encore voir quelque chose á l’intérieur du tableau ou restons nous á la surface, nous retournant pour regarder, en passant ?

vendredi 15 août 2008

CO² mon amour



Dans les rues de Sao Paolo, c’est comme dans un fumérarium…

Vivre ici c’est comme habiter au milieu du boulevard des Lices (pour les arlésiens qui me lisent…)
Je m’étonne à chaque sortie : comment les gens peuvent-ils vivre au-delà de l’age de 10 ans ? Le corps humain est très résistant, un chiendent bien coriace…

Pour me rendre à l’école, je marche une demi-heure... Je traverse plusieurs quartiers d’habitation. Devant chaque maison, il y a une cour-garage fermée par un portail avec souvent derrière quelques gros molosses. L’épreuve du parcours est un boulevard de type parisien à 18 heures avec une pente de 40 degrés… Que du plaisir pour mes poumons… Arrivée à l’école, je me sens vraiment mal, sensation d’étouffer, nausée... Comme si j’avais fumé trois ou quatre cigarettes l’une derrière l’autre.

En écrivant ces lignes dans un bureau de l’école, la fenêtre ouverte, une douce effluve de dioxyde de carbone effleure mes narines. Personne ne semble rien remarquer. Les Paulistes ont peut-être la narine génétiquement modifiée...

mardi 12 août 2008

Tchucu Tchucu



Tchucu Tchucu, c'est le nom de l'ange-vendeur de billet de bus.

Il est allé au ciel et est redescendu aprés un accident de moto. Il est resté 5 ans sur un lit d'hopital. Comme un enfant, il jouait avec son téléphone, nous a fait écouter de la musique, á Cintia et á moi. Puis nous a donné á chacune un petit papier joliment plié.
Sur le mien il est écrit quelque chose comme : "souvent la vie est un jeu qui parait difficile"
Il a dit aussi á Cintia quelque chose comme : la vie parait compliqué, mais ca dépend de nous. Tu peux parler á dieu quand ca ne va pas"



samedi 9 août 2008

Le clin d'oeil d'un chat

" Lorsque l'arc-en-ciel des cultures humaines aura fini de s'abîmer dans le vide creusé par notre fureur; tant que nous serons là et qu'il existera un monde -cette arche ténue qui nous relie à l'inaccessible demeurera, montrant la voie inverse de celle de notre esclavage et dont, à défaut de la parcourir, la contemplation procure à l'homme l'unique faveur qu'il sache mériter :
suspendre la marche, retenir l'impulsion qui l'astreint à obturer l'une après l'autre les fissures ouvertes au mur de la nécéssité et à parachever son œuvre en même temps qu'il clôt sa prison; cette faveur que tout société convoite, quelques soient ses croyances, son régime politique et son niveau de civilisation; où elle place son loisir, son plaisir, son repos et sa liberté; chance, vitale pour la vie, de se déprendre et qui consite - adieu sauvages ! adieu voyages ! - pendant de brefs intervalles où notre espèce supporte d'interrompre son labeur de ruche, à saisir l'essence de ce qu'elle fut et continue d'être, en deçà de la pensée et au delà de la société :
dans la contemplation d'un minéral plus beau que toutes nos œuvres; dans le parfum, plus savant que nos livres, respiré au creux d'un lis; ou dans le clin d'œil alourdi de patience, de sérénité et de pardon réciproque, qu'une entente involontaire permet parfois d'échanger avec un chat. "


Claude Levi-Strauss, "Le retour", Tristes Tropiques