mercredi 8 octobre 2008

Sous la pluie


Derniers jours au parc Serra do Mar. Beaucoup de pluie et de fatigue. J'ai beau mettre mon nez dans les forets et mon oeil devant les paysages, ma main tremble, ma tete tourne, que faire ? Beaucoup de doutes avant chaque plan-film expose... Plus de desir... Besoin de me recharger.
Alors il pleut toujours. Et si Faustine experimente la nuit peruvienne, moi c'est la pluie bresilienne que j'ecoute tomber. Et ici, quand il pleut, ce n'est pas de la rigolade, rien a voir avec les pluies de ma chere lorraine natale, pluies contenues et continues. La pluie ici n'est pas avare d'elle-meme... il a plu toute la nuit derniere, pluie forte et reguliere secouee de trombes d'eau soudaines et ca continue aujourd'hui, plus ou moins timidement. L'humidite penetre les maisons, les chambres,les lits, les vetements ne sechent pas, les optiques se parent de petites taches blanches sur les bords a l'interieur (et le fameux sel de silice n'y peut rien de rien!) et les moustiques sont en fete. Ils aiment particulierement mon coude droit, mais cette nuit, ils ont goute le gauche aussi, apres s'etre ouvert l'appetit sur ma jambe et mon dos...
Alors j'ecoute la pluie et je laisse le temps passer... Ce temps si precieux, temps du Bresil qui me manquera a mon retour. Temps des possibles, temps de creation, temps qui offre un espace vegetal si different... Forets quasiment impenetrables, si ce n'est avec le long couteau des gardes forestiers (que j'aime ces couteaux!) .
Washington m'a ouvert le sentier hier, un petit bout de sentier parce que le temps etait trop incertain pour aller plus loin que le ruisseau et parce que derriere rodent les chasseurs... et sans gilet pare-balles, on ne peut s'y aventurer. Nous avons traverse une ancienne plantation de caoutchoucs. Une multitude de troncs blancs avec de jolies taches roses et vertes sur l'ecorce, troncs gagnes par le vert des feuillages a leur pieds. Deux plan-films exposes, la meilleure trouvaille de la journee, je crois. Un peu plus tard, de retour a la base, il m'a montre un cacaoyer et j'ai suce quelques unes de ses graines blanches, gout laiteux et acide a la fois.



Et aussi vous pouvez voir ici les petites noix de cocos succulentes dont j'ai parle la derniere fois...



Pluie et fatigue donc. Fatigue d'entendre cette langue etrangere. Les gens d'ici ne savent pas parler calmement, ils crient. Leur parler ressemble d'ailleurs a la pluie : fort et secoue regulierement d'accelerations volumineuses ! Impossible de s'extraire des conversations, elles sont bien presentes, elles prennent toute la place. Et comme ma chambre est bordee par la cuisine et la terrasse, je peux difficilement m'isoler dans ma langue, calme et monocorde. J'ai beau lutter a coup de MP3 dans les oreilles, le volume n'est pas assez fort !

Donc bientot je pars. Pour Rio, qu'on me decrit comme violente, moi qui reve d'un cocon pour me reposer un peu !
Et ensuite m'attend monsieur Devin, sa femme, sa fille, sa ferme, sa foret, ses chevaux, sa bibliotheque et j'espere de possibles modeles (le jardinnier, la cuisiniere?) Car je suis en manque de modeles ! Avoir un corps a disposer comme je l'entends dans une architecture, des couleurs...
J'espere la cuisiniere noire avec de grands yeux blancs pour l'enfouir derriere une houppe de fleurs "oiseau du paradis" qu'on trouve ici dans la foret, et que seul son regard blanc surgissent du rouge des fleurs...
Que le regardeur, sujet absolu devant l'objet-photographie, se sente devenir soudainement, lui aussi, objet d'un regard.

P.S. : oui, j'ai "repare" mon appareil photo, une bonne idee soufflee par sainte Veronique, tres certainement : un peu d'eau sur la carte memoire pour enlever le sel... et c'est reparti! certes, de nombreuses fonctions restent hors d'usage, mais les organes vitaux ne sont pas touches...)
Et pour feter ca, une derniere photo, nouveau petit cadeau pour la petit Maia !

1 commentaire:

NWO Observer a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.