mardi 19 août 2008

Natureza



Deux jours aprés mon arrivée, je suis allée á l’école de photographie de Sao Paolo. Lá, j’ai assisté á mon premier cours : un cours de photographie pour les aveugles ! Non ce n’est pas une blague.
Le peuple brésilien sont un peuple paradoxal, m’a-t-on dit...
Le lendemain, je suis allée á un musée pour les aveugles. Il s’agissait d’entrer dans une compléte obscurité, avec pour seul guide une canne qui n’avait pas besoin d’être blanche, puisque de voyants il n’y avaient plus. J’ai fait quelques pas et prise d’une grande angoisse, je suis retournée á la lumiére... Sensation de perdre le monde et avec lui mon corps.

Ce musée était situé dans une ville « prés » de Sao Paolo, soit á deux heures de bus (deux heures de CO²).
Sur la route, j’ai vu : un téléphone pour les sourds (oui vous avez bien entendu), des panneaux vides ( ;) Sung Hee !), et ... des morceaux de forêt...
Une forêt ou plutôt un magma végétal. Les plantes se grimpent les unes sur les autres, il n’y a pas d’ordre, pas de sentier apparent, pas de clairiére, pas d’échappée. On ne voit rien du sol. Du vert du vert du vert. Des vides, des pleins, des creux, des bosses...Une mer végétale agitée.

Levi-Strauss écrit : « Le voyageur européen est déconcerté par ce paysage qui ne rentre dans aucune de ses catégories traditionnelles. Nous ignorons la nature vierge, notre paysage est ostensiblement asservi á l’homme ; parfois il nous paraît sauvage, non point qu’il soit réellement tel, mais parce que les échanges se sont produits á un rythme plus lent (comme en forêt) ou encore dans les montagnes (...) même les plus rudes paysages d’Europe offre encore une ordonnance (...). Il faut avoir voyagé en Amérique pour savoir que cette harmonie sublime, loin d’être une expression spontanée de la nature, provient d’accords longuement cherchés au cours d’une collaboration entre le site et l’homme. »

J’ai rencontré plusieurs fois cette idée, mais elle restait abstraite : il fallait savoir qu’il n’y a pas de nature sauvage en Europe, sous peine de passer pour une grande naive...
J’ai senti cette idée ici.
Et même si la forêt que j’ai entrapercue par la fenêtre du bus est une forêt secondaire, la puissance d’engendrement de la nature ici est telle, que cette forêt reste véritablement sauvage.

Je me plais á l’idée de trouver lá-dedans des esquisses de structures, des formes naissantes ...
Si en Europe je cherchais dans les choses naturelles la puissance créatrice, ici je chercherai la puissance ordonnatrice ...

Un autre passage de Tristes Tropiques qui exprime bien ce qu’est la nature ici :
« Des plantes plus copieuses que celle d’Europe dressent des tiges et des feuilles qui semblent découpées dans le métal, tant leur port est assuré et tant leur forme pleine de sens paraît á l’abri des épreuves du temps. Vue du dehors, cette nature est d’un autre ordre que la nôtre ; elle manifeste un degré supérieur de présence et de permanence. Commes dans les paysages exotiques d’Henri Rousseau, ses êtres atteignent á la dignité d’objets. »
En venant ici, j’avais déjá l’idée de faire quelque chose dans l’esprit de Rousseau.
J’ai hâte de pouvoir me mettre au travail !

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Cette motivation me fait saliver... Bon travail !!!

Anonyme a dit…

Moi aussi chère Violaine j'envie ton entrain ! Alors hu cocotte au boulot ! La photo qui joint le post est très chouette, elle me plait beaucoup, qui est donc cette jeune fille en bleu, si la question n'est pas indiscrète ?
Bises !

Anonyme a dit…

heu ... le commentaire précédent est de Maïa qui est un peu lente et ne comprend pas tout tout de suite ...
Maïa